Corps-oration

J’ai tout juste 18 ans.
J’ai 18 ans et je suis lasse .
Lasse de ce trottoir qui ruisselle, de ces flaques d’eau qui m’éclaboussent quand je ne les vois pas , l’esprit perdu entre métallica et ntm, j’ai 18 ans et je me cherche mais je ne le sais pas encore .
Perdue parmi toutes ces mains qui se tendent vers moi et que je repousse mal aimablement
8 heures du mat , je rentre chez moi dormir  , du moins essayer de dormir.
Je sors de chez une copine , la tête prise dans un étau , trop d’alcools et de bonbecs ont peuplée ma soirée d’hier
Trop défoncée pour baiser, trop défoncée pour me souvenir si j’ai baisé en fait.
J’attrape le bus de justesse et vais m’affaler dans les fauteuils du fond?
peu d’usagers le samedi matin, c’est tranquille , quelques vieilles avec leurs paniers se rendent surement au marché , dépenser la petite pension qui les aide à attendre la fin.
le bus passe devant le port , le seacat tiens parfaitement son rôle de dieu des mers , dieu de la manche , tout au plus à vrai dire , je le trouve super moche et je soupire ,  assez fort puisqu’une mamy trouve bon de me jeter un regard assassin .
Je lui souris , j’aime pas les anciens .
La rue défile ,  devant la galaxie, une boite pourrie gavée de clients pourris , j’adore cet endroit, mais au matin c’est triste, c’est mort .
Je passe la main sur la poche de ma veste en jeans , et sent la boite à clopes remplie de joints de tout calibre;
j’ai juste envie d’une royale mentholée , et évidemment c’est la dèche , je décide de descendre du bus quand il atteint la hauteur du calvaire des marins.
J’ai toujours un gout d’amertume quand je suis là, aussi beau la vue soit elle, elle respire la mort  et la détresse.
J’adore cet endroit
Je passe au tabac le plus proche ,  j’admire tous ces types déjà au vin blanc  et je me dis qu’un café bien noir m’attend sagement chez moi.
Le quartier est d’un calme effrayant , je monte chez moi , inconsciemment je ramasse la seringue  qui traine dans la cage d’escalier , je la balancerais dans ma poubelle  en même temps que la petite cuillère trouvée hier soir .
J’ai 18 ans et je rentre chez moi, pestant intérieurement sur tout ce qui m’entoure .
Je me déshabille et me rends compte que ma culotte est souillée
Je me glisse sous la douche , l’eau trop chaude me brule le dos et les fesses d’une curieuse façon .
Dans la glace , je remarque les stries dans ma chair , peu profondes et les souvenirs me reviennent peu à peu .
Le plus curieux c’est que je n’ai rien senti auparavant , rien qui ne laisse soupçonner ce qui s’est passé cette nuit .
Le souvenir des menottes me revient , le corps de cet homme  sur moi, son souffle sur ma nuque .
La vision de ma copine se masturbant en nous regardant surgit d’un coup dans mon esprit ,
sa main parcourant ses seins et ses doigts pénétrant son sexe puis en alternance son cul est omniprésente maintenant .
Je sens à présent les mains de l’homme claquant sur mes fesses dénudées , sa bouche qui mord mon cou , ses mains dans mes cheveux.
Il est beau , il me plait , ses yeux noirs me glacent .
Je m’offre à ses coups , de reins , de mains, de cravache .
Je ne sais plus de où il sort , comment il est arrivé là, il a proposé de nous ramener je crois , je ne sais plus  trop, c’est flou.
Je me souviens à quatre pattes, la tête enfoui dans l’oreiller  alors que son sexe me défonçait les fesses et que ses mains tenaient les miennes menottées au lit.
Je me souviens de ma copine qui glisse sa tête entre le matelas et mon sexe, elle me suçote les lèvres , sa langue pénètre en moi .
Chaque coup de rein de mon amant de cette nuit colle ma chatte à la bouche gourmande de mon amie chérie.
Je coule dans sa bouche  tandis que mister sodomite jouit en moi dans un râle bruyant.
Je ne peux bouger , je reste offerte , le foutre dégoulinant de mon cul à mon minou et je sens ma tendre copine s’approcher et elle vient lécher tout ce qui coule , là, comme ça , soumise à la volonté du monsieur mais y prenant plaisir d’après ce que je pouvais voir via la glace de l’armoire toute proche.
J’ai 18 ans et les souvenirs me reviennent ce matin, sous ma douche.
Je me souviens du sourire de cet homme , de sa politesse après nos ébats , du joint partagé mais surtout je me souviens quand il s’est rhabillé de tout ce bleu marine  et du flingue sur le coté .
Dans l’après midi  le téléphone à sonné, je dormais encore , j’ai balbutié un ‘allo’ fatigué  , une voix  rocailleuse me murmura un : bonjour mademoiselle, vous êtes de sortie ce soir?
et c’était le début d’une liaison dangereuse, néfaste et dure à effacer par la suite